17 AVRIL 1911.
Des affiches sont apposées sur les murs et un tract
est distribué aux habitants de la Commune par des opposants au projet
de construction du groupe scolaire de Kergonan, où il est dit que le
Conseil municipal a fait parvenir une lettre
à Monsieur le Préfet, s'offrant d'exécuter les travaux
pour 10 000 francs seulement, alors qu'on dépassera 40 000 francs pour
le " Palais de Kergonan ".
Il est parvenu en Préfecture, le 12 avril 1911.
Un nouveau palais à Kergonan !
Contribuables, à vos poches !
" Arriu e hrei un amzer adj er bobl menud n' hum zihuennou djet forh
ha pedjel ! ". Voilà ce que Dom Mathias avait annoncé à
nos vieux pères.
Sommes-nous encore loin de cette triste époque ? Ouvriers et paysans,
nos frères, nous allons à grands pas vers la catastrophe !
Persécutions, exactions de toutes sortes : voilà ce qu'on administre
aujourd'hui à tous les braves gens.
Et les impôts, ont-ils diminué ? Ah oui ! Des prunes ! ! Ils ne
font qu'augmenter, et dans des proportions fantastiques.
Voici que, sous prétexte de bâtir une nouvelle école à
Kergonan, la commune de Languidic
vient d'être frappée d'une nouvelle imposition de 35 à 40
000 francs ! !
Etait-il besoin d'une somme aussi considérable pour réaliser ce
projet ?
Dans une lettre qu'il fit parvenir à Monsieur le
Préfet, notre Conseil Municipal
s'était offert d'exécuter le même travail avec 10 000 francs
seulement.
Monsieur le Préfet n'a pas entendu de cette oreille, et voilà
pourquoi il vient d'obliger la commune à faire un emprunt de 35 à
40 000 francs.
Naturellement, il faudra payer cette dette ! Et, qui la paiera, si c'est pas
nous ?
Oui, nous autres ouvriers, nous autres cultivateurs, qui peinons du matin au
soir : c'est nous qui cracheront cette galette !
La plupart d'entre nous ont déjà reçu leur Papier jaune.
Ils continueront à recevoir ce joli cadeau pendant 30 ans.
En mettant une moyenne de 4 francs par an pour chaque contribuable ( et cette
moyenne ne semble pas trop forte
car il y en a qui paieront plus de 10 francs par an ), çà fait
une somme de 120 f que paiera chaque contribuable, au bout de 30 ans.
Et la trentaine écoulée, pensez-vous, braves gens, qu'on vous
déchargera les épaules de ce fardeau ?
Nous voudrions bien l'espérer mais il est tout probable qu'on glissera
cet impôt dans la masse des autres contributions,
et le peuple sera roulé une fois de plus ! !
Après Kergonan, l'on vous forcera de construire d'autres palais à
Saint-Donatien, à Kergo, à Kerblayo, à Saint-Etienne, à
Penhouët
Pauvres contribuables, vous n'avez pas fini d'en roter ! ! Ah ! Les bons apôtres
!
Ils nous rebattent, sans cesse, les oreilles de leur éternel refrain
: " Liberté ! Liberté ! ".
Hélas ! On ne nous laisse jamais libres de payer certains impôts
vexatoires ou de les refuser
Pour attraper des souris, on place un gâteau succulent à côté
d'une petite guillotine :
c'est exactement le procédé qu'emploie le Gouvernement à
l'égard des contribuables.
Mais ce petit jeu ne durera plus longtemps. Le peuple commence à en avoir
plein le dos,
et les Blocards devront cesser leur tyrannie s'ils ne veulent pas voir se réaliser
la prophétie de Dom Mathias !
Un groupe de contribuables.
Hennebont, Imprimerie Charles Morinaud, 4 rue Trottier.
Vous pouvez découvrir la réponse
de monsieur BARREAUX, conseiller municipal.